Les Etats-Unis sont l'un des 6 pays à appliquer la peine de mort pour
des crimes commis par des enfants de moins de 18 ans (avec l'Iran,
le Pakistan, le Nigéria, l'Arabie saoudite et le Yémen). Ces deux
dernières années, les Etats-Unis ont même été le seul pays au monde
à exécuter des délinquants mineurs... A ce jour, plus de 70 délinquants
mineurs attendent leur exécution dans le couloir de la mort.
La peine de mort n'est pas dissuasive. Il y a plus de violence aux
Etats-Unis, qui pratiquent la peine de mort, qu'en Europe, abolitionniste.
Le taux de meurtre est 6x plus élevé aux USA qu'en Grande-Bretagne,
7x plus qu'en France, 5x plus qu'en Australie et 5x plus qu'en Suède.
La comparaison reste valable aux Etats-Unis mêmes. Le Wisconsin fut le premier Etat à abolir la peine de mort, en 1853. On y commet
deux fois moins de crimes qu'au Texas,
l'Etat où l'on exécute le plus grand nombre de détenus (chiffres 95
- 98).
Selon un sondage réalisé en 1995, la majorité des autorités policières
ne croit pas que la peine de mort soit un outil de répression du crime
particulièrement efficace. Des enquêtes à travers tout le pays ont
prouvé que si l'on propose des sentences alternatives, la plupart
des Américains choisit la perpétuité incompressible assortie d'une
indemnisation (44%). 41% préféreraient la peine de mort, 15% ne se
prononcent pas.
Depuis la réinstauration de la peine de mort dans les années 70, les
Etats-Unis ont relaxé 70 hommes et femmes condamnés à mort. C'est
un condamné à mort innocenté pour 7 exécutés.
Feingold cite l'exemple d'un détenu de l'Illinois,
Ronald Jones, condamné mort pour le meurtre d'une femme de Chicago.
Durant l'interrogatoire, Jones est passé à tabac. Il finit par signer
des aveux. Un groupe d'étudiants en journalisme de la Northwestern
University ont étudié l'affaire Ronald Jones. Et ils ont découvert
qu'il était clairement innocent. Jones a finalement été acquitté grâce
à un test ADN. Depuis 1987, Illinois a libéré 12 condamnés à mort.
Les tests ADN ne sont devenus précis qu'en 1997. Le racisme se révèle
à chaque étape d'un procès d'Assises : sélection des jurés, présentations
des preuves, lorsque le procureur insiste sur la différence de races
entre la victime et l'inculpé pour attiser les préjugés des jurés,
et quelquefois pendant les délibérations du jury.
La peine de mort est inscrite dans la loi, au niveau fédéral aussi
depuis 1988. Depuis lors, de nouveaux crimes fédéraux sont devenus
passibles de la peine de mort. On en dénombre actuellement 60.
21 personnes ont été condamnées à mort au niveau
fédéral. Plus 8 hommes attendent leur exécution dans les prisons
militaires. 16 des 21 inculpés appartiennent à des minorités (75%).
Dans l'armée,
les chiffres sont pires: 7 condamnés sur 8 représentent des minorités
(87.5 %).
Une étude réalisée par David Baddus démontre qu'un inculpé coupable
de meurtre sur une personne de race blanche a 4x plus de chance d'être
condamné à mort que le meurtrier d'un personne de race noire.
Les avocats de l'Association du Barreau américain ont demandé, en
1997, un moratoire sur la peine de mort, parce qu'ils considéraient
que l'application de la peine de mort soulevait des problèmes d'équité
et de légalité. Les législateurs d'au moins 10 Etats ont envisagé
des moratoires durant ces derniers mois, parmi eux, l'Illinois
et le Nebraska.
Même certains juges de la Cour Suprême sont devenus abolitionnistes
(les juges Blackmun et Powell).
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