En avril dernier, 4 jeunes Australiens s'apprêtent
à embarquer à l'aéroport de Bali. Le plus âgé a 29 ans, les plus jeunes
n'ont que 19 ans. Une femme de 27 ans les accompagne. Sous leur vêtements,
attachés autour du torse, ils dissimulent une quantité démesurée de
drogue : 8 kilos et 300 grammes d'héroïne, qu'ils espèrent ramener
au pays. Ils transpirent à grosses gouttes, tandis qu'ils s'approchent
du portique de sécurité. Encore un pas et c'est la liberté.
On peut imaginer la suite… Un chien policier qui flaire, sans doute,
le produit. Les douaniers qui les menottent et les escortent dans
une salle à l'écart, la fouille, la découverte, la peur, l'incarcération.
Les 4 jeunes Australiens ne tardent pas à donner des noms. Leurs 5
complices sont arrêtés, pour la plupart dans un hôtel, sur la plage
de Kuta, en possession de drogue. Ils sont désormais 9. 8 hommes et
une femme, suspectés de trafic d'héroïne, s'exposant au peloton d'exécution.
Le plus jeune d'entre eux, Matthew James Norman, n'a que 18 ans.
Des peines exemplaires pour les trafiquants de drogue
Les 9 Australiens seront jugés en 6 procès distincts. Aujourd'hui,
lors d'une conférence de presse, le chef de la police indonésienne,
le général I Made Pastifika, a donné le ton : " Il faut que les gens
comprennent qu'en Indonésie, les trafiquants de drogue méritent la
peine de mort ". Plus tôt dans la semaine, le président d'Indonésie
s'engageait à ne pas gracier les trafiquants de drogue et exhortait
la justice à faire preuve de la même sévérité envers les étrangers.
En octobre 2004, deux Thaïlandais accusés de trafic de stupéfiants
ont été fusillés. Quelques mois auparavant, un Indien était exécuté
pour trafic d'héroïne malgré de nombreux appels internationaux à la
clémence.
L’affaire Schapelle Corby en toile de fond
Le tribunal en charge de cette affaire est le même qui avait condamné,
le 27 mai dernier, la jeune Australienne Schapelle Corby à vingt années
de réclusion. Cette esthéticienne de 27 ans a été arrêtée dans ce
même aéroport de Bali avec un sac rempli de plus de 4kg de cannabis.
Schapelle Corby a toujours clamé son innocence, prétendant que la
drogue avait été placée dans ses bagages à son insu. L’opinion publique
australienne s’est passionnée pour cette belle femme au regard sincère.
Schapelle risquait la peine de mort et l’Australie toute entière a
retenu son souffle au moment du verdict, diffusé en direct à la télévision,
dans tout le pays.
La version de Schapelle Corby n’a pas convaincu Linton Sirait, le
président du tribunal : « Il est judiciairement et de façon convaincante
établi que (l’accusée) a commis un crime ». Lorsqu’il prononce la
sentence de vingt années de réclusion, Schapelle Corby s’effondre
dans les bras de ses avocats avant de rassurer ses parents : « ça
va aller, ça va aller. »
Le gouvernement australien tente de sauver la vie de ses ressortissants
condamnés à mort
Dans le cas de l’affaire Schapelle Corby, John Howard, premier ministre
australien, s’est dit ému par le verdict, tout en exhortant ses concitoyens
à l’accepter. L’Australie ne tentera rien.
D’autres cas ailleurs dans le monde préoccupent les autorités australiennes.
Le 13 juin 2005, la peine de mort a été réclamée au Koweït contre
un Australien suspecté de terrorisme. 3 jours plus tôt, la radio d’état
vietnamienne annonçait la condamnation à mort d’un Australien de 46
ans, accusé de trafic d’héroïne. Il n’existe aucun accord d’extradition
entre l’Australie et le Vietnam, mais Chris Elleson, ministre australien
de la justice, ne désespère pas : « Nous avons eu de bons résultats
avec d’autres ressortissants australiens condamnés à mort au Vietnam,
à Singapour et bien sûr, en Indonésie. »
Pour en savoir plus
Comité de soutien à Schapelle Corby
http://www.dontshootschapelle.com
Ambassade de France en Indonésie
Point de la situation en Indonésie (notamment en matière de peine
de mort)
ttp://www.ambafrance-id.org